J’ai
la plus belle
vue sur Kyoto
Je vois la rivière, je
vois les bateaux
Je peux prédire la
prochaine pluie
En regardant les
nuages gris.
J’ai
bâti ma
maison de carton
Bien à l’abri,
en dessous le pont
Et j’ai même des
vieux amis
Je nourris les
chats sans-abri.
J’aperçois
parfois
les regards surpris
Des p’tits
nouveaux, des pas d’ici
Y savais pas qu’y’avait des crottés
Dans le
« patrimoine de
l’humanité »
Les Japonais,
ça
vit dans petit
Une maison d’un
mètre par deux
C’est assez pour
les rendre heureux
La version
portable d’une vie
Mais vous
savez,
c’est même pas vrai
Tout ce que vous voyez,
c’est l’après
D’une histoire
triste et ordinaire
D’une descente
vers l’enfer
J’avais
une belle
famille
Une petite vie
tranquille
J’étais dans la
force de l’âge
Quand soudain j’ai
reçu le message
La compagnie
devait couper
Y’ont plus
d’argent, y faut fermer
Faut avouer que ça
m’a déprimé
J’ai fêté la
dernière soirée.
Ça
pas été bien bien
long
Que ma jolie femme s’est
tannée
De mon habitude de
boisson
C’est en été
qu’elle m’a quittée
Tout qui
faisait
ma fierté
Venait de partir
en fumée
Je n'ai plus honte de
regarder
Ceux qui ne se gênent
pas pour juger
Ça
fait longtemps
que j’ai compris
Qu’y en avait dans
tous les pays
Des petits réduits
qu'on a construit
Avec ce qu’on a trouvé
de débris.
J’ai
la plus belle
vue sur Kyoto
Je vois les montagnes, je vois les oiseaux
Je peux prédire la
prochaine pluie
En regardant les
nuages gris.
J’ai
bâti ma
maison de carton
Bien à l’abri,
en dessous le pont
Et j’ai même des
vieux amis
Je nourris les
chats sans-abri.
On nous appelle les exclus
Mais moi je ne m'inquiète plus
Parce que d'ici quelques années
Nous serons la majorité!
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